Pour 75% des salariés, le télétravail accroît les pratiques addictives

Anton Kunin

Le risque de développer une addiction est plus important dans le cadre du télétravail qu’en présentiel, s’accordent à penser les salariés. Cette conviction est partagée par 74% des managers et 70% des télétravailleurs.

Pour 8 salariés sur 10, le télétravail rend plus difficile la détection des conduites addictives
Tabac, alcool, drogue, addiction au travail, consommation de médicaments non prescrits… : 41% des salariés et 47% des managers estiment que les addictions sont plus fréquentes en télétravail qu’en présentiel. De plus, 80% des salariés pensent que le télétravail rend plus difficile la détection des conduites addictives, nous apprend un sondage Odoxa pour GAE Conseil, un cabinet de conseil spécialisé dans la prévention des pratiques addictives en milieu professionnel.

Si le sujet inquiète autant, c’est parce qu’avant même la généralisation du télétravail, 31% des salariés et 40% des managers constataient que les pratiques addictives étaient fréquentes dans leur entourage professionnel et sur le lieu de travail.

La réduction des pratiques addictives, un sujet auquel les employeurs ne doivent pas rester indifférents
Alors, quels sont les risques les plus souvent repérés par les salariés ? Pour 81% d’entre eux c’est l’hyperconnexion, devant la consommation de tabac (75%), d’alcool (66%), de cannabis (55%), de médicaments (52%) et d’autres drogues (51%). Le workaholisme (addiction au travail) est cité par 50% des salariés.

Si les employeurs ont eux aussi intérêt à se saisir du problème, c’est parce que du point de vue de la loi, ils y ont une part de responsabilité. « Tenu à une obligation de sécurité à l’égard des salariés, l’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer leur sécurité et protéger leur santé physique et mentale en mettant notamment en oeuvre des actions de prévention des risques professionnels », explique Jamila El Berry, avocat spécialisé en droit social et de la santé-sécurité au travail (cabinet JEB Avocats). « Le risque de dérives des pratiques addictives est maximisé par l’isolement à double titre : d’une part, du fait de la baisse du contrôle social (absence de collègues en proximité) et, d’autre part, de l’absence, le cas échéant, d’entourage pour constater des errements », poursuit-elle.