Industrie automobile : l'aide de l'État contre des relocalisations

Olivier Sancerre

L'État se tient aux côtés du secteur automobile, en pleine tempête après la crise sanitaire. Mais les entreprises de la filière vont devoir s'engager sur plusieurs orientations.

De l'argent public et des engagements
De l'aide publique, oui, mais pas à n'importe quelles conditions, a détaillé Bruno Le Maire devant les caméras de BFM Business. Le premier engagement, c'est celui de la transition écologique, a expliqué le ministre de l'Économie. Puis il faut aux entreprises du secteur gagner en compétitivité : « si on veut garder des sites en France, il faut qu'on soit compétitifs par rapport à d'autres lieux de production partout ailleurs à travers la planète ». La troisième orientation sera la plus délicate puisqu'il s'agit de relocaliser une partie de la production automobile en France. « Je pense que l'industrie automobile française a trop délocalisé. Elle doit pouvoir relocaliser certaines productions », assène le locataire de Bercy, pour qui « c'est l'équilibre entre ces trois orientations qui doit nous permettre d'avoir une industrie automobile plus forte à la sortie de la crise ».

Avant même de subir les mesures de confinement et l'arrêt de la production, l'industrie automobile française a fait face aux difficultés d'approvisionnement des pièces provenant de Chine. L'État a bien l'intention de réduire la dépendance de la filière française à ces sous-traitants et fournisseurs étrangers, même s'il est illusoire de vouloir rapatrier toute la chaîne d'assemblage dans l'Hexagone.

Fermeture de Sandouville, une « mauvaise décision »
Si les entreprises françaises veulent bénéficier de l'aide de l'État, elles devront montrer patte blanche et s'engager sur ces points. Il en va de leur survie : Renault a ainsi bénéficié d'un prêt garanti de 5 milliards d'euros pour sa trésorerie. Concernant la marque au losange, Bruno Le Maire a également donné son sentiment concernant la fermeture temporaire de l'usine de Sandouville.

Saisie par la CGT, la justice a décidé de la suspension d'activité de cette usine « pour des raisons qui me paraissent extraordinairement fragiles », a déploré le ministre. Il regrette cette décision, « mauvaise pour Sandouville puisque Sandouville va perdre au minimum une semaine pour redémarrer. C'est une décision mauvaise pour Renault, alors que chacun sait que l'industrie automobile est aujourd'hui confrontée à de grandes difficultés. Et c'est une décision qui est mauvaise pour la nation française ».